Nous avons été placés si progressivement et insidieusement dans la position de regardeurs d’images, que nous ne pensons qu’exceptionnellement à distinguer ce qui fait peinture, de l’image qui est donnée à voir d’une peinture; images qui nous tiennent à distance de la réalité de la peinture.
Cette remarque sous-entend pourtant de multiples questions sur les va-et -vient qu’ont souvent entretenu l’une avec l’autre – et cela de plus en plus – depuis l’apparition de la photographie et, sans opposer l’une à l’autre car leur enchevêtrement est complexe, nous y reviendrons par référence au cours de l’examen de différents processus. (Relire Walter Benjamin in ‘L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique’ Œuvres T.3 Folio Essais)
La peinture est une chose charnelle que la fixation par la photo et sa visualisation sur un écran désincarne.
Pour rappeler l’évidence: qu’il ne peut être donné à voir à travers un site internet que des images sans relation d’approche et d’échelle, que sont perdues les variations infinies introduites par la lumière et les interactions d’une peinture avec l’environnement construit et humain dans lequel elle se place. La perte du hic et nunc de l’œuvre d’art. La photographie de peintures les figent à leur apparente surface et participe de cette horizontalité à laquelle Annie Lebrun nous invite à réfléchir, substituant la verticalité et la profondeur dans une « horizontalité sans fin d’un paysage sans ombres ». (in: ‘ Du trop de réalité’; Folio Essais)